Inventaire et description des châteaux du XIII ème et XIV ème siècle sur Ambérieu-en-bugey
Ambérieu-en-Bugey médiéval reste méconnu. Nous proposons ici de faire un tour d'horizon des châteaux, bâties, église dont on a encore des restes au XXIème siècle ou dont nous savons des choses. Nous allons nous limiter à ce que nous savons des édifices médiévaux du XIVème, et s'il y a besoin, de l'histoire associée. Par souci de clarté, ce qui est postérieur au XIVème ne sera que peu relaté.
Guillaume Sabatier
11/11/202415 min read


La tour de Saint-Denis-en-Bugey (Ain)
Localisation de la tour de Saint-Denis
2km environ au sud-ouest du centre d'Ambérieu-en-Bugey sur une colline surplombant le village du même nom, à 330 m d'altitude.
latitude 45,9496°N
longitude 5,3334°E
Son histoire du XIVème
Cet édifice en Pierre a été commencé en 1323 par le Dauphin de Viennois¹ ² ³et a été fini en 1326. Il a une vocation à faire la guerre, à défendre le lieu et aller en soutien aux édifices à proximité. Son architecture est conçue dans ce but. Il fait partie de la Châtellenie de Saint-Symphorien (Saint-Sorlin). Il était appelé bâtie de Pont-de-Chauczon et fait suite à une bâtie de terre et de bois construite par le Dauphin de Viennois. La prise par les Savoyards de la Châtellenie de Saint-Germain (Dauphin de Viennois) en 1321 suite au siège des Savoyards, voit aussi Ambérieu et la Bâtie de Saint-Denis passer sous domination du Comte de Savoie. Seule la bâtie de pierre des Allymes reste Dauphinoise. Elle semble délaissée au profit du Dauphin de Viennois vers 1323 qui la reconstruit en Pierre.
Constitution de la bâtie de Pont-de-Chauczon
Nous avons ici une tour sur glacis presque carrée de 10/11m de coté et de 15m de haut à la base du toit, depuis le haut du promontoire.
Cette tour est complétée par une enceinte quadrangulaire d'une trentaine de mètres de côté, très approximativement orientée sur les axes cardinaux.
L'ensemble Tour et enceinte quadrangulaire est typique des constructions de guerre des Savoyards au début du XIVème siècle.
L'enceinte est composée de courtines destinées à surveiller et défendre l'édifice, et la zone. La courtine sud, flanquante à la tour, à gauche sur la photo, est composée de deux niveaux de défense, certainement pour mieux défendre la zone la plus accessible car moins abrupte. La porte en haut à gauche débouche sur le niveau de défense supérieur. La porte en dessous débouche sur le niveau inférieur. C'est une particularité de la bâtie de Saint-Denis.
La courtine ouest est non flanquante et n'a qu'un niveau de défense. Elle est à même hauteur que la courtine sud de niveau inférieur. Nous voyons aussi la porte d'accès à cette courtine, à droite sur la photo.
Le promontoire est ce qu'on appelle un mollard: Les constructeurs ont surélevé le terrain pour le préparer par des cailloux (galets) et de la terre. Ainsi le terrassement est à l'altitude de 332m


Bâtie de Pont-de-chauczon (Saint-Denis-en-Bugey (Ain)), implantation au sol
1. La tour de la bâtie de Pont-de-Chauczon à Saint-Denis-en-Bugey dans l'Ain


Le château des Allymes (Ain)
Localisation du château des Allymes
4 km environ au nord est du centre d'Ambérieu sur un promontoire de montagne à 660m d'altitude.
Latitude 45,9736°N
Longitude 5,4102°N
Son histoire du XIVème
Cet édifice en Pierre a été commencé en 1312 par le Dauphin de Viennois¹ ² ³ et a été fini en 1317. Il fait suite à une bâtie de terre et de bois construite par le Dauphin de Viennois en 1305 pour faire face à la bâtie de terre et de bois construite au sommet du mont Luisandre, en surplomb, par le Comte de Savoie un peu avant la même année. C'est donc un ouvrage militaire. Au moment de sa construction, les bâtisseurs ne l'appellent ni bâtie, ni château, mais ils l'appellent "Opus Aremorum": Le chef d' oeuvres des Allymes.
La bâtie de terre et de bois des Allymes construite, peut être, 100m plus au nord que celle actuelle a été détruite en 1311 par le Comte de Savoie.
La prise par les Savoyards de la Châtellenie de Saint-Germain (Dauphin de Viennois) en 1321 suite au siège des Savoyards, voit Ambérieu et la bâtie de Saint-Denis passer sous domination du Comte de Savoie. Seule la bâtie de pierre des Allymes reste Dauphinoise.
A partir de 1319, elle commence à devenir une châtellenie progressivement pour le Dauphin de Viennois, Saint-Germain étant passé aux mains du Comte de Savoie.
Avec le traité de Chapareillan en 1334, le château des Allymes devient Savoyard.
Constitution de la bâtie des Allymes
A l'origine, la bâtie de pierre avait une tour de 28m sur glacis presque carrée (8m par 11m), sans toit, accompagnée de 4 courtines de 36m environ de côté extérieur orientées presque sur les axes cardinaux. Une tour ronde chainée au courtine a été placée côté antagoniste à la tour carrée. L'ensemble est du XIVème siècle.
Une enceinte "lourde" complémentaire fait 100m en direction du nord et se finit par une tour ronde. Une enceinte plus légère de mur d'épaisseur 90cm ferme cette partie là vers la bâtie en une cour assez mal connue actuellement.


2. Le château des Allymes à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain
Implantation du château des Allymes (Ain)


Localisation de la bâtie de Luisandre
5 km environ du centre d'Ambérieu sur un sommet de montagne à 805m d'altitude.
Latitude 45,9782°N
Longitude 5,4185°E
Son histoire du XIVème
Cet édifice en Pierre a été commencé en 1312 par le Comté de Savoie⁴ et a été fini en 1317. Il répond à la construction en pierre en 1312 de la Bâtie des Allymes qui lui fait face à 800m. Il fait suite à une bâtie de terre et de bois construite en 1304/1305 pour gagner du terrain et sécuriser, par une place forte, la route commerciale Saint-Rambert à Ambronay vers la Bresse. C'est donc un ouvrage militaire, et qui dépend de la châtellenie de Saint-Rambert.
La prise par les Savoyards de la Châtellenie de Saint-Germain (Dauphin de Viennois) en 1321 suite au siège des Savoyards, voit Ambérieu et la bâtie de Saint-Denis passer sous domination du Comte de Savoie. Seule la bâtie de pierre des Allymes reste Dauphinoise? Elle est alors prise en étau par Luisandre et les autres conquêtes savoyardes de 1321.
En 1326, Luisandre passe sous la responsabilité de Saint-Germain.
Avec le traité de Chapareillan en 1334, le château des Allymes devient Savoyard et donc tout le bassin ambarrois passe sous domination savoyarde. Luisandre est au sommet, et surplombe cette domination.
Constitution de la bâtie de Luisandre
A l'image des bâties médiévales du coin, un plan de courtines quadrangulaire de 30m par 22 m et hautes de 11m , presque orientées sur les axes cardinaux est associé à une tour d'angle barlong dans le coin nord est, d'environ 8 ou 9m de côté et d'environ 16m de haut. Cette tour possédait 3 étages.
Des fossés et ouvrages défensifs externes entourent l'édifice.


Bâtie de Luisandre (Ain)
Bâtie de Luisandre (Ain), configuration approximative
3. La bâtie de Luisandre à Saint-Rambert-en-Bugey dans l'Ain


Château de Saint-Germain (Ain), la tour rectangulaire
Localisation du château de Saint Germain
2 km environ du centre d'Ambérieu sur un promontoire de montagne situé à 465m d'altitude.
45,9586°N
5,3760°E
Son histoire du XIVème
Le site a été occupé à la fin de l'empire romain et une chapelle mérovingienne existe à moins de 25m de la tour du Château, au sein même de l'enceinte du château de Saint Germain⁵ ⁶.
Le site est très vite occupé après l'époque Carolingienne et le premier édifice de pierres voit le jour fin XIème ou début XIIème. Il est attesté en 1141 et 1151 par des textes.
Il possède le statut de Châtellenie⁵ sous les comtes d'Albon devenus Dauphinois.
Le château connait deux sièges¹ ²: 1283 et 1321. Les deux fois le château tombe aux mains des Savoyards.
En 1286, de part un traité, le château est restitué au Dauphiné.
En 1321, en revanche, le château tombe durablement entre les mains des savoyards. La ville d'Ambérieu est prise aussi, puis la bâtie du Pont-de-Chauczon.
Avec le traité de Chapareillan en 1334, le château des Allymes devient Savoyard et donc tout le bassin ambarrois passe sous domination savoyarde. Luisandre est au sommet surplombe cette domination. Saint-Germain passe châtellenie du comté de Savoie, et la châtellenie de Saint-Rambert perd de ses prérogatives.
Constitution du château de Saint-Germain
Le château de Saint Germain ne reprend pas le standard quadrangulaire avec tour carrée.
Une orientation est-ouest globale est manifeste, avec à l'est la Grande cour défendu à l'est par deux tours devant lesquelles des fossés sont présents.
A l'ouest, nous avons la cour du château. La tour "presque carrée" est la pièce maitresse, un logis et la chapelle sont attenants. La tour fait environ une quinzaine de mètre de côté.
On peut aussi préciser qu'en dessous du Boug vieux, un bourg neuf a été créé par les savoyards pour ralentir les ennemis. Une fortification des bourgs était en général présente. A Saint-Germain d'Ambérieu, c'est le cas, avec Bourg neuf et Ancien bourg ceinturés par une muraille jusqu'au château et passant par la tour de Gy et par la tour de Savoie.


Château de Saint-Germain (Ain), disposition au sol
4. Le château de Saint-Germain à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain


Château des Verneaux (Ain)
Localisation du château des Verneaux
2,7km environ du centre d'Ambérieu sur un sommet de colline au dessus d'Ambutrix à 376m d'altitude.
Latitude 45,9356°N
Longitude 5,3470°E
Son histoire du XIVème
Ce château est certainement le plus mal renseigné. De plus, le site est vraiment ruiné.
En aout 132, Après la prise d'Ambérieu par le comte Amédée V de Savoie, Les De Vareilles, qui tiennent la place forte sur Ambérieu certainement aux Echelles, ne se soumettent pas à la Savoie et se retirent dans la forêt des Verneaux. Ils construisent un château sur le plus haut sommet² ³. (Au-dessus d’Ambutrix).
Ce château passe à la Savoie en avec le traité de Paris de 1355. Le Dauphiné étant "transporté" au royaume de France en 1349, le roi de France consent aux De Vareilles une compensation sous forme de rente.
En 1402, le château des Verneaux a l’air d’être de nouveau aux De vareilles.
Constitution du château de Saint-Germain
Ce château, très endommagé, occupe une superficie assez importante. Un mur court en direction du nord-est sur quelques dizaines de mètres.
5. Le château des Verneaux à Ambutrix dans l'Ain




Tour de Gy (Ain)
Tour de Gy, château de Saint Germain au-dessus
Localisation de la tour de Gy
1,5 km environ au sud est du centre d'Ambérieu sur un flanc de montagne à environ 330m d'altitude.
Latitude 45,9485°N
Longitude 5,3727°E
Son histoire du XIVème...ou du XVème
Cet édifice en Pierre Savoyard a été commencé au XIVème ou tout au moins au début du XVème selon Armand Decour⁵. La tour carrée est entourée de murailles. Il y a aussi des "vestiges de bâtiments disparus, et une tour semi-circulaire en ruines".
Ce que l'on peut affirmer pour cette tour dont l'origine est mal connue, c'est que des constructions fortifiées sont présentes et en nombre.
Nous avons aussi des restes de murs qui courent en direction du Château de Saint-Germain, passant par la tour de Gy, et descendant sur Saint-Germain.


Tour de Gy (Ain), implantation
6. Tour de Gy ou de Gis à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain




Localisation de la tour de Savoie
2 km environ au sud est du centre d'Ambérieu sur un flanc de montagne à environ 330m d'altitude.
Latitude 45,9471°N
Longitude 5,3738°E
Son histoire du XIVème...ou du XVème
Ce que l'on peut affirmer pour cette tour, c'est qu'elle reste très mal connue, et que des constructions fortifiées sont présentes⁵. À la tour carrée, il y a aussi un bâtiment attenant plus tardif, associé à une tour du côté de la pente montante dont il ne reste pas grand-chose.
Nous avons aussi des restes de murs qui courent en direction du Château de Saint-Germain, passant par la tour de Savoie, et descendant sur Saint-Germain.
Ainsi il semble fort probable que l'ensemble Château de Saint-Germain, Tour de Gy et Tour de Savoie, ainsi que la partie de la route passant par Saint-Germain, en bas forment un tout cohérent. Des murs d'époque longent en effet la route en bas aussi.
Tour de Savoie (Ain)
Tour de Savoie à droite au dessous du château de Saint-Germain


Tour de Savoie (Ain), implantation
7. Tour de Savoie à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain
Localisation du Château des Echelles
0,5 km environ au sud est du centre d'Ambérieu sur un petit promontoire à environ 270m d'altitude.
Latitude 45,9553°N
Longitude 5,3635°E
Son histoire du XIVème...ou du XV
Le château primitif semble s'élever en 1344, à l'initiative d'un certain Guillaume des Echelles, propriétaire du terrain. Nous ne savons pas si il y avait un édifice à cet endroit avant.
Ce château sera détruit vers 1600 puis reconstruit ultérieurement.
8. Château des échelles à Ambérieu-en-Bugey dans l'ain
Localisation de la maison forte de Tiret
0,7 km environ au nord nord-est du centre d'Ambérieu sur un petit promontoire à environ 305m d'altitude.
Latitude 45,9646°N
Longitude 5,3609°E
Son histoire du XIVème...
Le château primitif a probablement vu le jour au XIVème siècle. Nous ne savons pas si il y avait un édifice à cet endroit avant. Nous n'en savons pas plus. Nous savons quand-même qu'il a été détruit à la révolution, puis reconstruit.
9. Maison forte de Tiret à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain
Localisation de la maison forte des Balmettes
Les balmettes sont situées à environ 3k au sud-est du centre d'Ambérieu. LA localisation de cette maison forte n'a pas encore pu être déterminée avec exactitude.
Latitude 45,94°N environ
Longitude 5,38°E environ
Son histoire du XIVème...
Cette maison forte est mentionnée en 1322 dans les comptes de la châtellenie de Pont-d'Ain³ .
10. Maison forte des balmettes à Ambérieu en Bugey dans l'Ain
11. Eglise Saint-Symphorien d'Ambérieu-en-Bugey
L'actuelle église du centre ville a été construite fin du XIXème siècle. Elle remplace une église plus petite.
Nous ne savons pas encore exactement le lieu exact de l'ancienne église.
Il est possible que l'église actuelle ait été construite en lieu et place de l'actuelle. Mais l'ancienne a peut être existé à côté de l'église l'actuelle. Peut être un peu plus au nord, a quelque dizaines de mètres maximum.
De la même manière l'église d'Ambérieu a-t-elle était construite au XIVème siècle? les recherches sont à mener dans cette direction.
La localisation des châteaux est très bien connue. On peut le plus souvent localiser précisément le centre des tours, et à défaut, en avoir une très bonne approximation.
Les châteaux ont une origine commune au XIVème siècle. Ou alors sont même plus anciens. Dans l'utilisation fonctionnelle, militaire, ils sont contemporains au XIVème siècle. Plus précisément, la guerre a fait rage dans la région Ambérieu, Varey, Corlier, Ambronay, Saint-Sorlin pendant 70 ans.
On ne sait pas toujours si un autre édifice existait auparavant en-dessous. A Luisandre, Allymes et Saint Denis, une bâtie de terre et de bois existait avant la bâtie de pierres. Mais qu'y-avait-il avant? Nous en savons plus sur Saint-Germain qui est châtellenie, avec sa chapelle mérovingienne. D'une manière générale, nous en savons plus sur les châtellenies car elles étaient centre administratif, économique, judiciaire. Elles consignaient notamment leurs comptes, surtout dans le comté de Savoie. Les bâties dépendaient des châtellenies. Luisandre dépendait de Saint-Rambert (Savoie). Saint Denis, Allymes dépendaient de Saint-Germain (Dauphiné).
Les châteaux sont construits sur des sommets, ou promontoires. Le contexte militaire de la guerre Delphino-savoyarde en est une bonne explication: il faut surveiller de loin, et la place de défense doit être puissante. En effet, ceux du haut sont en position favorable par rapport aux assaillants en bas.
La structure quadrangulaire avec tour presque carrée, même si elle est très fréquente, n'est pas l'unique modèle du château de pierres. A Saint-Germain, les murailles épousent les formes quelconques du promontoire.
On associe assez souvent des bourgs au système défensif de la fortification majeure. Des murailles ceinturent le tout. Les bourgeois du Bourg ont à leur charge d'assurer le premier étage de défense contre d'éventuels assaillants.
On peut noter que les tours ne sont jamais exactement carrées. Les enceintes ayant une forme carrée, le sont rarement parfaitement.
Des fortifications avancées existent majoritairement sur les endroits vulnérables des châteaux. Ainsi des fossés, des levées de terre, des murs sont souvent constatés.
Le résultat de ce que l'on sait vient:
de l'étude des textes en latins tout particulièrement des châtellenies du comte de Savoie;
de l'archéologie et des fouilles réalisées en Savoie et Dauphiné;
de l'archéologie du bâti en Savoie et Dauphiné;
Nous essaierons de compléter ça avec d'autres méthodes et d'autres outils pour essayer d'en savoir plus.
Ce que nous pouvons rajouter, et qui a une importance capitale pour la suite.....
Cette période de construction des châteaux à Ambérieu, de litiges militaires, coïncide avec des faits majeurs de l'histoire de France:
Fin de la persécution des cathares.
début du petit âge glaciaire: un refroidissement des étés dès 1300, des récoltes misérables liées à des précipitations inédites surtout entre 1310 et 1320. L'ensemble du XIVème siècle est un véritable fléau climatique.
Clément V, premier pape à ne pas souhaiter exercer son pontificat à Rome, est élu par des pressions de Philippe le bel, puis couronné à Lyon en 1305. Il siègera dans le sud de la France.
Philippe le Bel commence la persécution des templiers en 1307, et toujours en mettant la pression pour que Clément V lui suive le pas. L'affaire est classée en 1312 par dissolution de l'ordre par Clément V au concile de Vienne, dans le Dauphiné de Viennois.
Des croisades qui avaient encore lieu, même si elles se faisaient plus rares. Humbert II, Dauphin de viennois, en fit une contre les turcs dans les années 1330.
1334: traité de Chapareillan. Un grand pas vers la paix Delphino-Savoyarde.
La peste qui arrive sur Ambérieu en 1348, décimant parfois la moitié des villages. Une catastrophe extraordinaire.
La guerre de 100 ans qui commence en 1337 contre les Anglais.
1355: ratification de la paix à Paris par le roi entre la Savoie et le Dauphiné.
Le "transport" du Dauphiné de viennois au profit du roi de France qui en fait la province du Dauphiné.
C'est le dernier Dauphin de Viennois, Humbert II, homme intelligent et de grande culture s'adonnant aux arts libéraux, qui se révèle incapable de faire la guerre et de rembourser les dettes du Dauphiné de Viennois. Il se dirigera vers les ordres après le "transport" du Dauphiné au roi de France.
Pour tous les points mentionnés précédemment on parle aussi cette période de grande dépression médiévale⁷.
Cependant nous pouvons noter qu'entre 1275 et 1350, Alfred Crosby, historien, parle aussi de « décennies miraculeuses »⁸, avec une « rupture » faisant entrer l'homme dans le monde de la linéarité, de la quantification prenant la place des cycles cosmiques et de l'intuition. Ainsi, Les mathématiques, et en particulier la géométrie, commencent à être perçues comme un moyen de mesurer et de comprendre l’espace. Cela se manifeste dans les progrès réalisés en architecture et en cartographie, avec le compas. L’essor de l’horloge date aussi du XIVe, ainsi que le cadran solaire arabe , avec une inclinaison fonction de la latitude pour rendre la mesure du temps plus précise. Astrolabes et sextants commencent à être utilisés en navigation Au XIVe siècle..
Nous pouvons finir par: le comté de Savoie a duré près de 1000 ans, pendant que celui du Dauphin de viennois a duré un peu plus de 200 ans....300 si l'on compte les comptes d'Albon à l'origine de ce grand comté.
Face aux grandes plaies du XIVe siècle, on peut s'étonner d'une véritable construction moderne du rapport de l'homme à l'univers, avec somme d'avancées techniques et scientifiques mesurables.
Face aux fléaux du XIVème, mais aussi face à toutes les avancées majeures de ce siècle, il semblerait que la Savoie a fait preuve de plus d'unité, de modernité administrative et économique que le Dauphiné de viennois, pour tenir. Pour exister.
Conclusion
Bibliographie:
¹. A. Kersuzan, "Châteaux et fortifications au Moyen-Age dans l'Ain des montagnes", 2015
². A. Kersuzan, "Défendre la Bresse et le Bugey, les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné", 2005
³. A. Kersuzan, "Maisons et maisons fortes dans le comté de Savoie (XIVe-XVe s.) Essai de terminologie d’après les sources comptables", Édité par le Centre de Castellologie de Bourgogne, 2014
⁴. A. Kersuzan, "La bâtie de Luisandre (Ain), histoire et archéologie d'une fortification savoyarde de frontière au XIVème siècle", 2010
⁵. A. Decour, "Saint Germain d'Ambérieu", 1977
⁶. Emile Bocquillod,"Visages de l'Ain", n°93, p.25 à 29, septembre-octobre 1977
⁷. Guy Bois, la grande dépression médiévale, PUF, 05/2000
⁸. Alfred Crosby, "la mesure de la realité", 1997
